Etonnamment, VB couche des mots, des phrases personnelles, des prières ou des injures, sur ses toiles avant de commencer à peindre. Elle les enterre ensuite, elle les transforme en secrets indétectables, avec la peinture qu'elle inflige, qu'elle assène dessus avec ses mains, ses bras et sans pinceau.
Et les couches se suivent, se raclent, râpent et ripent les unes après les autres en se bousculant, en s'houspillant, en se percutant sans égards. Alors les noirs apparaissent. De plus en plus nombreux. Goudron sur goudron. Matière sur matière. Reliefs sur reliefs, ils s'installent, laissant peu de place au non-noir. Ces noirs cependant sont pétris à la main et, alimentés par la lumière, ils guident celle-ci au lieu de la subir. Non, ce ne sont pas des noirs moroses, amers ou taciturnes, ce sont des noirs qui vibrent, qui vivent, des noirs de défis, d'insoumission, de rébellion, comme l'est Virginie B. elle-même. Surgissent alors, entre ces lignes qu'elle donne à lire, des bleu-verts emprisonnés, des ambres, des havanes ou des bronzes patinés qui nous font comprendre, qu'avec ses yeux bleus, elle ne jette en rien un regard noir sur la vie. "Je suis enchainée par le souvenir des êtres aimés qui ne sont plus. Ils sont au bout de mes doigts…." dit-elle. C'est ainsi qu'elle atmosphérise ses toiles, qu'elle re-crée la vie, l'intensifie et l'exalte. dominique imbert